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RIENZI.


CHAPITRE II.

Les recherches.

La matinée était claire, ardente, étouffante, quand un cavalier isolé apparut, suivant les détours de cette route incomparable, du haut de laquelle, au milieu de figuiers, de vignes et d’oliviers, le voyageur voit peu à peu s’étaler à ses regards la vallée enchanteresse de l’Arno avec les clochers et les dômes de Florence. Mais ce n’était point avec le regard habituel du voyageur saisi d’admiration et de plaisir que passait ce cavalier isolé ; ce n’était pas sur l’activité, la gaieté, l’animation ordinaires de la vie de Toscane que rayonnait ce soleil de midi. Tout était silencieux, désert, assoupi ; et jusque dans la lumière du jour il y avait comme une pâleur maladive et funèbre. Les chaumières et les maisons qui bordaient la route étaient les unes barricadées et fermées, les autres ouvertes, mais selon toute apparence inhabitées. La charrue était immobile, la quenouille ne filait point ; hommes et chevaux chômaient un triste jour de repos.

Une malédiction pesait sur le pays, plus terrible que la malédiction lancée sur Caïn. Çà et là une figure isolée, ordinairement revêtue de la sombre robe d’un moine, traversait la route, levant sur le voyageur un regard livide et stupéfait, puis elle se hâtait de continuer son chemin et disparaissait sous quelque toit, d’où sortait le faible gémissement d’une voix mourante, qui sans le silence