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RIENZI.

appris aussi qu’avant la chute de Rienzi sa sœur avait quitté Rome, mais on ne savait à quel endroit elle avait été transportée.

Ces nouvelles arrachèrent Adrien à sa vie contemplative. Irène était donc réduite à la condition qu’il avait comme prophétisée dans sa lettre : séparée de son frère, déchue de son rang, délaissée, sans amis. « Maintenant, se disait le généreux et magnanime amant, elle peut être à moi sans que mon nom en souffre aucune disgrâce. Quelles que soient les fautes de Rienzi, elle n’y a point trempé. Ses mains à elle ne sont point rougies du sang de ma famille ; et l’on ne peut dire qu’Adrien de Castello s’allie à une maison dont la puissance est fondée sur la ruine des Colonna. Les Colonna sont rétablis, ils triomphent de nouveau ; Rienzi n’est plus rien ; la détresse et l’infortune m’unissent à présent à celle qu’elles accablent ! »

Mais comment allait-il exécuter ces résolutions romanesques ?… Il ne savait pas même où trouver Irène. Il se détermina à se rendre à Rome pour y faire les recherches nécessaires ; il avertit donc les gens de sa suite. Joyeuse nouvelle pour eux que l’annonce d’un voyage ! La cotte de mailles quitta l’arsenal, la bannière la salle d’armes, et après deux jours de préparatifs animés, la fontaine où Adrien avait passé tant d’heures de rêverie ne fut plus visitée que par les oiseaux revenus avec le printemps ; la lampe nocturne ne jeta plus, de la chambre de sa tourelle, ses rayons solitaires sur le sein du lac abandonné.