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RIENZI.

de torches précédaient sa marche. Un calme profond était répandu sur son visage, mais ce n’était pas le calme de la satisfaction. Il passa, et la rue redevint solitaire. Dans l’intervalle, Rienzi gagnait en silence le Capitole et montait aux appartements du palais, où Nina, pâle et hors d’haleine, attendait son retour.

« Bon, bon, tu souris ! Mais non, c’est ce terrible sourire, pire que les rides de ton front. Parle, mon bien-aimé, parle ! Qu’a dit le cardinal ?

— Pas grand’chose qui puisse te plaire. Il m’a parlé d’abord d’un ton hautain et solennel du crime qu’il y avait à déclarer les Romains libres ; puis de la trahison qui consiste à prétendre que l’élection du roi de Rome est un droit des Romains.

— Eh bien ! qu’as-tu répondu ?

— Ce que devait répondre le tribun de Rome ; j’ai maintenu ses droits, et je les ai prouvés. Le cardinal a passé à d’autres accusations.

— Qu’était-ce ?

— Le sang des barons tués à San-Lorenzo… Ce sang versé seulement pour notre défense contre des agresseurs parjures ; j’ai bien vu que c’était là mon vrai crime à leurs yeux. Les Colonna ont l’oreille du pape. Mais ce n’est pas tout, et le sacrilége donc ! Oui, le sacrilége (tu vas rire, Nina) que j’ai commis en me baignant dans un vase de Porphyre, et dont se servait Constantin, quand il était encore païen.

— Est-il possible ? Qu’as-tu dit ?

— Je me suis mis à rire. Cardinal, ai-je dit, ce qui n’était pas trop bon pour un païen, n’est pas trop bon pour un chrétien catholique !… Et, vraiment, le Français fit une mine rechignée comme s’il se sentait frappé au défaut de la cuirasse. Quand il a eu fini, je lui ai demandé, à mon tour : — M’accuse-t-on d’avoir fait tort à qui que ce soit, dans mon siége de justice ? — Profond