Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 2, 1865.djvu/50

Cette page a été validée par deux contributeurs.
46
RIENZI.

— Après tout, c’est un grand homme, dit un membre de la réunion. Il nous a donné des lois, il a débarrassé la campagne des bandits, rempli les rues de marchands et les boutiques de marchandises, mis en déroute les plus hardis seigneurs et la plus farouche soldatesque d’Italie.

— Et maintenant il veut taxer le peuple ! — Voilà ce que nous avons gagné à l’aider, s’écria Cecco, toujours grommelant. Que serait-il sans nous ? Nous pouvons bien défaire ce que nous avons fait.

— Mais, continua le défenseur de Rienzi, voyant qu’il avait des partisans dans l’assemblée, mais enfin s’il nous taxe, c’est pour assurer notre liberté.

— Qui est-ce qui menace maintenant ? demande le boucher.

— Eh mais !… les barons préparent, exercent journellement de nouvelles forces à Marino.

— Marino n’est point Rome, répliqua Luigi le boucher. Attendons qu’ils reviennent à nos portes. Nous savons comment les recevoir ; quoique pour ce qui est de ça, je pense que nous avons eu assez de batailles… Mes deux pauvres frères y ont gagné chacun un coup de poignard dont ils se seraient bien passés. Pourquoi le tribun ne veut-il pas, puisque c’est un grand homme, nous donner la paix ? Tout ce qu’il nous faut aujourd’hui, c’est de la tranquillité.

— Ah ! dit un sellier, qu’il s’arrange avec les barons. Ce n’étaient déjà pas de si mauvaises pratiques, après tout.

— Pour ma part, dit un gaillard de bonne mine, qui avait été dans son temps fossoyeur, et qui maintenant avait ouvert un étalage de marchandises pour les vivants, je lui passerais volontiers le reste, mais je ne peux lui pardonner son bain dans le vase sacré de Porphyre.