Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 2, 1865.djvu/333

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
329
RIENZI.

et vraiment aux yeux de la philosophie, ce n’est pas autre chose, répliqua Rienzi ; mais de tout temps, les présages, les pressentiments, les symboles ont été d’accord avec les événements de ma vie, et j’ai respiré, je crois, un autre air que les autres. La vie est elle-même une énigme, pourquoi donc des énigmes nous étonneraient-elles ? L’avenir. — Quel mystère dans le mot lui-même ! Quand nous aurions vécu tout le long du passé, depuis que le temps existe, notre expérience, plus savante de mille siècles qui ne sont plus, ne pourrait pas nous faire deviner les événements qui attendent le moment où nous allons entrer. Ainsi abandonnés par la raison, faut-il s’étonner que nous ayons recours à l’imagination, sur qui Dieu quelquefois, par les rêves et les symboles, peint l’image des choses futures ! Qui peut avoir le courage de laisser tout l’avenir sans chercher à rien y comprendre et se résigner à s’asseoir là gémissant sous le fardeau du présent ? Non, non, ce que les faux sages appellent fanatisme appartient à la même partie de notre être que l’espérance. L’un et l’autre nous emportent en avant, d’une plage stérile à une mer glorieuse, parce qu’elle est sans limites. L’un et l’autre ne sont rien autre chose qu’une aspiration vers le grand inconnu qui atteste notre immortalité ! L’un et l’autre ont leurs visions et leurs chimères, dont quelques-unes sont fausses, mais d’autres vraies. Point de doute qu’un homme qui devient grand ne s’élève ainsi bien souvent que par une espèce de sorcellerie qu’il renferme en son âme, par l’inspiration d’une pythonisse qui lui prédit qu’il sera

    après avoir été fait chevalier, cérémonie dont la nature a été jugée par des auteurs récents avec une ignorance ridicule, était surtout, en réalité, un don religieux et figuratif (symbole des grâces du Saint-Esprit) conféré par les abbés des couvents, et la partie politique de cette cérémonie avait un caractère républicain et non pas monarchique.