Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 2, 1865.djvu/332

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
328
RIENZI.

sur le sein de son époux. Cependant, quelquefois je regrette…

— Et moi aussi, interrompit Rienzi, car je lis au fond des pensées de ma femme. Moi aussi quelquefois je regrette que le destin ne nous ait pas placés dans les vallées plutôt que sur les hauteurs de cette vie. Mais cela peut se faire encore ! Que je voie seulement Irène unie à Adrien, Rome fiancée à la Liberté, et alors, Nina, vous et moi, ce me semble, nous pourrons trouver quelque paisible retraite où nous ne parlerons plus des pompes et des triomphes du temps passé, que comme d’un rêve du printemps. Embrasse-moi, ma belle amie. Pourrais-tu vraiment renoncer à ces splendeurs ?

— Volontiers, pour un désert avec toi, Rienzi !

— Laisse-moi réfléchir, reprit-il : N’est-ce point aujourd’hui le 7 octobre ? Oui ! C’est le 7, remarque bien, que mes ennemis ont cédé à mon pouvoir. Sept ! Le nombre désigné par le sort pour m’annoncer bonheur ou malheur ! J’ai régné sept mois comme tribun ; j’ai été sept ans[1] absent comme exilé ; le jour de demain, qui me verra sans un seul ennemi, complète la septième semaine depuis mon retour !

Sept représente aussi le nombre de couronnes que les couvents romains et le conseil de Rome te décernèrent après la cérémonie qui t’a créé chevalier du Saint-Esprit ![2] dit Nina, ajoutant avec la tendresse délicate de l’esprit d’une femme, le souvenir le plus brillant de tous !

— Ce sont autant d’extravagances aux yeux des autres,

  1. Il y a eu l’intervalle d’une année entre la mise en liberté de Rienzi à Avignon et sa rentrée triomphale à Rome ; cette année se passa principalement dans la campagne d’Albornoz.
  2. Cette superstition avait pour excuse d’étranges coïncidences historiques ; et le nombre 7 était pour Rienzi ce que le 3 septembre fut pour Cromwell. La cérémonie des sept couronnes qu’il reçut