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RIENZI.

— Je le sais.

— À qui mon maître va-t-il confier ce poste ?

— Eh bien, au lieutenant.

— Quoi ? Un militaire qui a servi les Orsini !

— C’est vrai. Eh bien ! Il y a Tommaso Filangieri.

— Un excellent homme, mais n’est-il pas un peu parent de Pandulfo di Guido ?

— C’est vrai, cela demande réflexion. As-tu quelque ami à proposer ? dit en souriant le sénateur. Il me semble, à t’entendre, que tu veux me demander cette place pour quelqu’un.

— Monseigneur, répliqua Villani en rougissant, je suis peut-être trop jeune, mais ce poste est un de ceux où la fidélité est plus nécessaire que l’âge. Dois-je l’avouer ? J’aimerais mieux vous servir de mon épée que de ma plume.

— En vérité, tu accepterais cette place ? Elle est moins élevée et moins avantageuse que celle que tu occupes ; et tu es bien jeune pour diriger ces têtes obstinées.

— Sénateur, j’ai commandé de plus grands gaillards que ceux-là à l’assaut de Viterbe. Mais qu’il en soit comme il semblera bon à votre haute sagesse. Quoi que vous fassiez, je vous en prie, soyez prudent. Si vous alliez choisir un traître pour la garde du Capitole, je tremble à cette pensée !

— Par ma foi, tu en pâlis, mon cher garçon : ton affection pour moi est une goutte de miel dans une coupe d’absinthe. Qui pourrais-je nommer qui valut mieux que toi ? Tu auras ce poste, au moins pendant la maladie de Bellini. J’y aviserai aujourd’hui même. Et puis, c’est un emploi qui fatiguera moins ton jeune esprit que tes occupations d’aujourd’hui. Tu t’exténues au service de ma cause.

— Sénateur, je ne puis que vous répéter ma réponse habituelle : J’ai un grand devoir à remplir ! »