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RIENZI.

concentraient sur les besoins de Rome. Travailleur infatigable, il inspectait, ordonnait, réglait toutes choses, à la ville comme à l’armée, pour la paix comme pour la guerre. Mais il était faiblement secondé, et ceux qu’il employait ne montraient que tiédeur et léthargie. Pourtant ses armes prospéraient. Place sur place, forteresse sur forteresse cédaient au lieutenant du sénateur ; et même la reddition de Palestrina était attendue d’un jour à l’autre. Toujours son habileté et son adresse se déployaient d’une manière frappante dans les situations difficiles, et notre lecteur ne peut manquer d’avoir remarqué la preuve éclatante qu’il en donna en se délivrant de la tutelle de fer de ses mercenaires étrangers. Montréal exécuté, ses frères emprisonnés (la vie sauve), ces soldats-bandits furent frappés au cœur d’une certaine crainte qui valait le respect. Éloignés de Rome, et occupés sous le commandement d’Annibaldi contre les barons, ces démons devenus nécessaires furent empêchés par une occupation perpétuelle et de constants succès de se retourner contre leur nouveau maître ; pendant que Rienzi, pour satisfaire l’antipathie naturelle qu’ils inspiraient aux Romains, tenait les Allemands éloignés de tout contact avec la ville, et pouvait se vanter d’être le seul chef en Italie qui régnât dans son palais, gardé seulement par ses concitoyens.

Malgré sa position périlleuse, malgré ses soupçons et ses craintes, aucune cruauté inutile ne fit tache à son inflexible justice. Montréal et Pandulfo di Guido furent les seules victimes qu’il immola à la raison d’État. Si d’après le noir machiavélisme de la sagesse italienne, l’exécution de ces ennemis fut impolitique, ce ne fut pas par le fait en lui-même, mais par la manière dont il s’y prit. Un prince de Bologne ou de Milan aurait évité la sympathie qu’inspire l’échafaud, et le poison ou le poignard aurait plus sûrement remplacé la hache. Mais avec toutes fautes, réelles ou supposées, jamais un acte de la politique