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RIENZI.

ils voudront, je dois m’y résigner : mais moi, pour la juger moi-même selon ma conscience, il faut que mes yeux soient purs de toute corruption. Je suis responsable à Dieu de la garde de Rome, et Romé tremblera tant que l’âme de la Grande Compagnie animera la tête active et le cœur audacieux de Walter de Montréal. Chevalier…, tout riche, tout grand, tout subtil que vous êtes, vos heures sont comptées ; au lever du soleil vous allez mourir ! »

Les yeux de Montréal, fixés sur les traits du sénateur, virent que toute espérance était perdue : sa fierté et son courage lui revinrent.

« Voilà bien des paroles pour rien, dit-il : j’ai joué gros jeu, j’ai perdu, il faut que je paye. Je suis prêt. Sur le seuil du monde inconnu, le sombre génie de la prophétie vient envahir notre âme. Seigneur sénateur, je m’en vais devant toi annoncer, au ciel ou à l’enfer, que sous peu de jours, on fasse une place pour un homme plus fort que moi ! »

Tandis qu’il parlait, il semblait grandir encore : son œil étincelait, et Rienzi, en proie à un affaissement qu’il n’avait jamais éprouvé, recula terrifié et se couvrit la figure de ses mains.

« Quel genre de mort choisissez-vous ? demanda-t-il d’une voix sourde.

— La hache : c’est la mort qui convient à un chevalier, à un soldat. Mais toi, sénateur, le destin te garde un moins noble trépas.

— Brigand, tais-toi ! s’écria Rienzi furieux. Gardes, remmenez le prisonnier. Au lever du soleil, Montréal…

— Se couchera le soleil du fléau de l’Italie ! dit amèrement le chevalier, ainsi-soit-il. Encore une faveur, les chevaliers de Saint-Jean sont affiliés à l’ordre des Augustins ; je demande un moine augustin pour confesseur.

— Accordé ; et en retour de tes prophéties, moi, qui ne