Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 2, 1865.djvu/305

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
301
RIENZI.

s’aperçut alors qu’il n’était pas seul ; ses frères l’avaient devancé.

« Voilà une heureuse rencontre, dit le chevalier de Saint-Jean ; mais nous avons passé ensemble des nuits plus agréables que celle-ci ne le sera, selon toute apparence.

— Comment pouvez-vous plaisanter, Walter ? dit Arimbaldo presque en pleurs. Ne savez-vous pas que notre sentence est prononcée ? La mort est suspendue sur nos têtes.

— La mort ! répéta Montréal, et pour la première fois il changea de physionomie ; peut-être était-ce la première fois de sa vie en effet qu’il sentait le frisson et l’angoisse de la crainte.

— La mort ! s’écria-t-il de nouveau. Impossible ! Il n’osera pas, Brettone ; et les soldats, et nos Allemands ! ils vont se soulever, ils vont nous arracher à l’étreinte du bourreau !

— Bannissez cette vaine espérance ! dit aigrement Brettone ; les soldats sont campés à Palestrina.

— Comment ! insensé, imbécile ! Vous êtes donc venus seuls à Rome ? Est-ce que nous sommes seuls avec cet homme terrible ?

— C’est vous qui êtes l’insensé ! Pourquoi êtes-vous venu ici ? demanda le frère.

— Pourquoi y serais-je venu si ce n’est que je te savais à la tête de l’armée ? mais tu as raison, c’est moi qui suis un imbécile d’avoir mis aux prises avec ce rusé tribun une pauvre cervelle comme la tienne : en voilà assez : à quoi bon les reproches ? Quand vous a-t-on arrêtés ?

— À la brune, au moment où nous entrions par les portes de Rome : Rienzi a fait son entrée en secret.

— Hum ! Quel document peut-il avoir contre moi ? Qui peut m’avoir trahi ? Mes secrétaires sont éprouvés, tous gens de confiance, excepté ce jeune homme (encore il montre tant de zèle…), cet Angelo Villani !