Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 2, 1865.djvu/298

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
294
RIENZI.

— Les barons sont vos meilleures pratiques, dit le petit gentilhomme.

— C’est vrai, c’est vrai ! soupira le drapier.

— C’est dommage qu’on les tarabuste si rudement, dit Montréal d’un ton mélancolique : Ne serait-il pas possible, si le sénateur ( je bois à sa santé !) était moins prompt, moins ardent, de concilier plutôt les institutions libres avec le retour des barons ? Voilà ce que devrait tâcher de faire un homme d’État vraiment habile !

— Certainement cela serait possible, repartit Vivaldi ; les Savelli seuls dépensent plus chez moi que tous les autres habitants de Ronie.

— Je ne sais si ce serait possible, ajouta Bruttini, mais ce que je sais bien, c’est qu’il n’y a rien de plus indécent que de voir le fils d’un aubergiste se mettre à faire un désert des palais de Rome !

— Cela montre bien un désir trop vulgaire de gagner la faveur de la populace, dit Montréal, cependant j’espère que nous mettrons d’accord toutes ces dissidences. Rienzi, a peut-être ou plutôt il a, sans aucun doute, de bonnes intentions !

— Je voudrais, dit Vivaldi, qui savait bien de quoi il retournait, que nous établissions une constitution mixte, deux ordres séparés, distincts, les plébéiens et les patriciens.

— Mais, observa Montréal, d’un air très-grave : un essai aussi nouveau exigerait une grande force matérielle.

— C’est vrai, mais nous pourrions appeler un arbitre, un étranger, qui ne fût lié d’intérêt à aucun parti, qui protégeât le nouveau Buono Stato, un podestat, comme nous en avons fait un dans le temps, Brancaleone, par exemple. Ah ! c’était là un gouvernement sage ! Un véritable âge d’or pour Rome ! Vive un podestat ! voilà mon opinion.

— Vous n’avez pas besoin de chercher bien loin le pré-