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RIENZI.

vençal avaient été les instruments du retour de Rienzi. Le soupçon s’étendit si rapidement par la ville, que la seule présence de Montréal eût suffi, en quelques semaines, à ruiner le sénateur. En attendant, l’intrépidité naturelle de Montréal étouffait chez lui les conseils de la prudence ; et, aveuglé par ses espérances éblouissantes, le chevalier de Saint-Jean, comme pour donner à sa venue deux fois plus d’importance, choisit pour résidence un somptueux palais, où son train de maison rivalisa, par l’éclat et la pompe, avec le faste déployé par Rienzi lui-même dans les jours plus brillants de sa première grandeur.

C’est au milieu de cette agitation croissante qu’Angelo Villani arriva à Rome. Le caractère de ce jeune homme s’était formé sous l’influence des particularités de sa vie. Il possédait les qualités qui souvent marquent, pour ainsi dire, d’une empreinte commune tous les enfants naturels. Il était insolent comme la plupart de ceux qui occupent un rang douteux ; honteux au fond de sa bâtardise, il empruntait son arrogance à la noblesse supposée de ses parents inconnus. La fermentation universelle de l’Italie, à cette époque, rendait l’ambition la plus commune de toutes les passions ; et c’est pour cela que nous la retrouvons nécessairement dans toutes ses nuances, sous toutes ses formes nombreuses et variées, dans les portraits de chacun des personnages de cette histoire. Quoique les rêves grandioses et généreux de cette sublime infirmité ne fussent pas faits pour l’humble condition d’Angelo Villani, le désir et la résolution de s’élever à tout prix ne lui manquaient pas. Il avait des sentiments chaleureux et des instincts reconnaissants ; il poussait la fidélité envers son maître jusqu’à la vertu ; mais, grâce à une éducation sans règle et sans suite, surtout au libertinage absolu de ceux avec lesquels il avait passé une grande partie de sa jeunesse dans les antichambres et les salles de garde, il n’avait ni des principes bien sévères,