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RIENZI.

vigoureuse et compacte. C’est ainsi qu’avaient été fondées les grandes dynasties du Nord, où un roi, courbé en apparence sous la main des barons, était, en réalité, soutenu par un intérêt commun, soit contre une population subjuguée, soit contre une invasion étrangère.

Tels étaient les vastes plans, sans autres limites que les Alpes, qui nourrissaient de leurs rêves de gloire et de conquête l’esprit ambitieux du capitaine de la Grande Compagnie, pendant qu’il avait sous les yeux les colonnes et les arcs de triomphe de la ville aux sept collines.

Pas une crainte ne troublait le cours rapide de ses pensées. Ses frères étaient les chefs de l’armée mercenaire de Rienzi ; et cette armée n’était composée que de ses créatures. Sur Rienzi lui-même, il avait à revendiquer les droits d’un créancier. Il était donc de ce côté en parfaite sécurité. Quant aux amis du pape, il s’était fait recommander auprès d’eux par des lettres intimes, quoique discrètes, d’Albornoz, qui ne désirait l’employer que pour opérer le retour des barons romains ; et nous avons déjà vu quels avaient été ses arrangements avec les chefs de ce dernier parti. De cette façon, il était à même, pensait-il, d’examiner tous les partis, de les caresser tous, et d’en tirer les matériaux nécessaires à l’exécution de ses projets.

L’apparition de Montréal, entrant à découvert dans Rome, y produisit une sensation considérable. Les amis des barons publièrent que Rienzi s’était ligué avec la Grande Compagnie, et qu’il allait livrer la cité impériale aux désordres et au pillage des brigands barbares. L’effronterie avec laquelle Montréal (foudroyé plus d’une fois par les bulles d’excommunication du pontife) se montrait dans la cité métropolitaine de l’Église, semblait encore plus insolente, au souvenir de cette inflexible justice qui avait déterminé le tribun à déclarer la guerre à tous les brigands d’Italie ; et cette audace ne pouvait s’expliquer que par le fait bien évident, que les frères du hardi Pro-