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RIENZI.

d’abord de féliciter le sénateur de son retour, puis de se faire rembourser de l’argent prêté à Rienzi par son frère.

Nous avons vu en partie son but secret ; mais, non content de l’appui des barons, il comptait bien, par les moyens corrupteurs d’une opulence inouïe, former un tiers-parti prêt à seconder dans la suite ses desseins personnels. La richesse, malheureusement, dans ce temps et dans ce pays, ne jouait pas un rôle moins puissant qu’autrefois, dans les derniers jours de l’empire romain, pour acheter des couronnes. Et dans mainte cité déchirée par des discordes héréditaires les haires des factions s’envenimaient à tel point, qu’un tyran étranger, désireux et capable d’expulser l’un des partis, pouvait obtenir au moins la soumission temporaire de l’autre. Ses succès ultérieurs dependaient beaucoup du pouvoir qu’il savait prendre d’appuyer son gouvernement sur une armée indépendante des citoyens et sur un trésor qui n’eût pas besoin de s’alimenter par des impôts odieux. Mais plus avares qu’ambitieux, plus cruels que fermes, c’était par de sordides exactions ou par une effusion de sang inutile que ces usurpateurs précipitaient ordinairement leur chute.

Montréal, qui avait scruté d’un œil calme et pénétrant les fréquentes révolutions de ce temps-là, comptait trouver les moyens d’éviter ces deux genres d’erreurs ; et, comme le lecteur l’a déjà vu, il avait formé, avec autant de profondeur que de sagacité, le projet de consolider son usurpation par l’établissement d’une noblesse tout à fait nouvelle, dont les membres le servant, suivant les conditions de la féodalité du Nord, toujours prêts à le défendre, parce qu’ils défendraient, en agissant ainsi, leurs propres intérêts, l’aideraient à construire, non pas l’édifice chancelant et mal assis d’une tyrannie individuelle, mais la solide forteresse d’une aristocratie jeune