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RIENZI.

passé marché et nous avons fait part à deux. Que dis-je ? Les premières mesures à prendre vont nous être toutes favorables. Rienzi va être pris au piége et nous, nous allons entrer à Rome.

— Dont le Provençal va être le maître absolu.

— Le podestat, s’il vous plaît. Les podestats qui déplaisent au peuple sont souvent bannis et quelquefois lapidés ; les podestats qui insultent les nobles sont souvent poignardés et quelquefois empoisonnés, dit Savelli : Chaque jour suffit à sa peine. En attendant n’en dites rien à cet ours d’Orsini. C’est un brise-aison. Allons, reprenons courage, Stefanello.

— Luca di Savelli, vous n’avez pas à Rome un enjeu pareil au mien, dit fièrement le jeune noble : aucun podestat ne saurait vous ravir à vous le rang de premier seigneur de la métropole de l’Italie !

— Si vous en aviez dit autant à Orsini, il n’en fallait pas davantage pour dégainer, répliqua Savelli ; mais, je vous le répète, reprenez courage, notre premier soin, n’est-ce pas de détruire Rienzi ? après cela, entre la mort d’un ennemi et l’élévation d’un autre, n’y a-t-il pas de ces préservatifs qu’Eccelin de Romano a enseignés à tout homme avisé ? Prends courage, te dis-je, et l’année prochaine, pourvu que nous nous tenions bien, Stefanello Colonna et Luca di Savelli seront tous deux sénateurs de Rome, tandis que tous ces grands hommes-là seront la pâture des vers ! »

Pendant cet entretien des barons, Montréal, avant de se coucher, se tenait à la fenêtre ouverte de sa chambre, contemplant en bas le paysage, qui dormait sous les rayons d’une lune d’automne, pendant que brillaient à une certaine distance, påles et immobiles, les lumières posées autour du camp des assiégeants.

« Vastes plaines et larges vallonis, pensait le guerrier, bientôt vous reposerez en paix sous un nouveau joug