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RIENZI.

moi cette cassette, Angelo. Bien, écoute ! Pandulfo, lis cette lettre. »

Le citoyen lut avec surprise et consternation la réponse du rusé préfet à l’épître du Colonna.

« Il promet au baron de déserter et de passer à lui pendant la bataille, avec la bannière de préfet, dit Pandulfo. Que faut-il faire ?

— Eh bien ! prends mon sceau ; imprime-le ici : fais loger sur-le-champ ce traître dans la prison du Capitole. Donne à ses gens l’ordre de quitter Rome, et avertis-les que si on les trouve sous les drapeaux des barons, leur seigneur et maître est mis à mort. Allons, cours arranger cela sans retard. Nous, pendant ce temps-là, allons à la chapelle entendre la messe. »

Dans l’espace d’une heure, l’armée romaine, vaste mélange de vieillards, d’adolescents et d’hommes dans la force de l’âge, fut prête à se mettre en marche vers la Porte de San Lorenzo ; dans le nombre des fantassins, qui s’élevait à vingt mille, il n’y en avait pas un sixième qu’on pût compter comme hommes d’armes ; mais la cavalerie était bien équipée et composée des barons inférieurs et des plus riches citoyens. À la tête de ceux-ci chevauchait le tribun armé de pied en cap, et portant sur son casque une couronne de feuilles de chêne et d’olivier faites d’argent. Devant lui ondoyait le grand gonfalon de Rome, tandis qu’en tête de ce vaste cortège une procession de moines de l’ordre de Saint-François (le corps ecclésiastique de Rome marchait surtout dans le sens de l’esprit populaire et de son guide enthousiaste) s’avançait en chantant lentement un hymne dont voici le sens, et qui faisait un effet inexprimable, saisissant, majestueux, au bout de chaque stance, grâce au fracas des armes, au son des trompettes, et au roulement sourd et grave des tambours, qui accompagnaient, pour ainsi dire, ce chant d’un chœur guerrier :