« J’apprends, dit-il, par nos espions, qu’ils seront à nos portes avant midi, quatre mille fantassins, sept cents chevaux. Nous leur donnerons cordialement la bienvenue, mes maîtres. Comment ! Angelo Villani, mon gentil page, que faites-vous là, hors du service de votre dame ?
— Je voudrais bien voir un guerrier s’armant pour Rome ! répondit le jeune garçon avec toute l’énergique pétulance de son âge.
— Dieu te bénisse, mon enfant ! C’est un des vrais fils de Rome qui vient de parler.
— Et la signora m’a promis de me laisser aller avec sa garde aux portes pour apprendre les nouvelles…
— Et revenir annoncer la victoire ? soit. Mais il faudra qu’on ne te laisse point venir à portée d’arbalète. Que vois-je ! mon cher Pandulfo, toi-même en cotte de mailles !
— Rome appelle chacun de nous, dit le citoyen, dont les nerfs délicats étaient surexcités par la contagion de l’enthousiasme général.
— C’est vrai, et encore une fois je suis fier d’être romain ; allons, mes doux sires, la Dalmatique[1] ; je veux que tous les ennemis puissent reconnaître Rienzi, et par le Seigneur des armées, en combattant à la tête du peuple impérial, j’ai droit à la robe impériale. Les frères sont-ils prêts ? Notre marche, jusqu’aux portes, sera précédée d’un hymne solennel. Ainsi combattaient nos ancêtres.
— Tribun, Jean de Vico est arrivé avec cent chevaux pour soutenir la cause du Bon État.
— Vraiment ! Alors le Seigneur nous a débarrassés d’un ennemi et a donné un traître à nos cachots. Passez-
- ↑ Robe ou pelisse blanche portée par Rienzi ; dans un temps elle appartenait aux officiers sacerdotaux, mais dans la suite ce fut un emblème de l’empire.