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RIENZI.

familière et séduisante qui parfois donnait à ses manières un charme particulier :

« J’ai foi en vous, Adrien, de toute mon âme. Vous avez été mon ami de bonne heure, dans des années plus calmes, plus heureuses peut-être, et jamais rivière ne présenta aux étoiles de miroir plus clair que votre cœur où se réfléchissait alors la vérité dans toute sa candeur. J’ai foi en vous. »

En parlant ainsi, il avait machinalement ramené le Colonna à la statue du Lion de basalte ; là, il s’arrêta, et reprit :

« Apprenez que j’ai ce matin même envoyé un mandataire auprès de votre cousin Stefanello. Avec toute la politesse d’usage, je lui ai fait annoncer mon retour à Rome, et l’ai invité à venir nous honorer de sa présence. Oubliant toutes nos anciennes discordes, mon propre exil d’autrefois, je lui ai garanti’ici le rang et les égards dûs au chef des Colonna. Tout ce que je demande en retour, c’est qu’il obéisse à la loi. Les années et les revers ont abattu la fierté de ma jeunesse, et si je conserve encore la sévérité inflexible du juge, personne, à l’avenir, ne se plaindra de l’insolence du tribun.

— Je regrette, répartit Adrien, que votre dépêche à Stefanello n’ait pas été retardée d’un jour, j’aurais voulu la devancer ; toutefois vous ne faites que me rendre plus empressé de partir ; si je réussis à obtenir une réconciliation honorable et pacifique, ce n’est plus sous un masque que j’offrirai mes hommages à votre sœur.

— Et jamais Colonna, répliqua fièrement Rienzi, ne fera entrer dans sa famille une fille dont l’alliance puisse faire plus d’honneur à son ambition. Car aujourd’hui, comme toujours, je ne puis séparer ma pensée, mes projets et ma destinée, de la fondation d’un nouvel empire romain.

— Ne sois pas encore trop confiant, brave Rienzi, ré-