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RIENZI.

à celui qui lui semblait seul avoir assez de caractère et de génie pour réprimer les désordres de sa patrie déchue. Après de longues réflexions, voyant bien qu’il ne lui restait d’autre alternative que d’observer la même neutralité douloureuse à laquelle il avait été jusque-là condamné, il résolut de faire au moins une tentative que sa naissance et sa renommée lui permettaient d’entreprendre, pour réconcilier les deux partis adverses. À cet effet, il crut devoir commencer par son superbe cousin. Il sentait bien que, si l’on venait à apprendre qu’il eût d’abord obtenu une entrevue avec Rienzi, il aurait l’air de s’être fait le porteur des paroles du sénateur, et qu’alors, en supposant même Stefanello disposé à céder à ses représentations, les insolents et féroces barons qui l’entouraient ne daigneraient point prêter l’oreille à l’envoyé de l’élu du peuple ; au lieu d’être honoré comme un médiateur, il serait suspecté comme un traître. Il résolut donc de partir pour Palestrina ; mais… son cœur se révoltait contre l’idée de s’en aller sans avoir essayé d’obtenir d’abord une entrevue d’Irène ! Entourée commeelle l’était, ce n’était pas une entreprise facile ; mais il résolut de la tenter. Il appela Giulio.

« Le sénateur donne une fête ce soir ; pensez-vous que la réunion soit nombreuse ?

— J’ai ouï dire, répondit Giulio, que le banquet donné aujourd’hui à messeigneurs les ambassadeurs sera suivi demain d’un bal masqué où seront admises des personnes de tous les rangs. Per Bacco ! si le tribun n’invitait que des nobles, le plus petit cabinet du Capitole suffirait pour recevoir ses masques, mais je suppose qu’on a adopté une mascarade pour mieux déguiser la qualité des visiteurs.

Adrien rêva un moment, et finit par se déterminer à différer d’un jour son départ pour Palestrina, afin de profiter de la nature de cette fête, et de se joindre à la mascarade.