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CHAPITRE I.

L’entrée triomphale.

Rome tout entière était en mouvement. Du château Saint-Ange au Capitole, les fenêtres, les balcons, les toits étaient encombrés d’une multitude animée. Sur quelques points seulement, dans les quartiers mécontents des Colonna, des Orsini, des Savelli, régnaient une solitude funèbre et une sombre tristesse ; dans ces fortifications, car c’étaient plutôt des ouvrages de défense que on n’entendait pas même le pas accoutumé de la sentinelle barbare. Les portes fermées, les croisées barrées, le silence renfrogné répandu tout à l’entour, attestaient l’absence des barons. Ils avaient quitté la ville aussitôt qu’ils avaient appris d’une manière certaine que Rienzi approchait. Retirés dans les villages et les châteaux de la campagne, entourés de leurs mercenaires, ils attendaient l’heure où le peuple, fatigué de son idole, serait trop heureux de venir se jeter aux pieds même de ces féroces iconoclastes.