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RIENZI.

Provençal, à Rome votre honorable maison et celle des Orsini, appelées par le choix du pape au pouvoir suprême, se querellaient sans cesse et ne pouvaient conserver l’autorité qu’elles avaient acquise. Francesco Baroncelli, un nouveau démagogue, un pauvre imitateur de Rienzi, s’éleva sur les ruines de la paix violée par les nobles, obtint le titre de tribun et porta en public les insignes mêmes dont usait son prédécesseur. Mais moins sage que Rienzi, il se mit du parti antipapal, et donna ainsi au légat le moyen de jouer le démagogue, au nom du pape, contre l’usurpateur. Baroncelli était un homme faible ; ses fils commirent toutes sortes d’excès en singeant les tyrans de haute naissance de Padoue et de Milan. Le spectacle de vierges insultées et de matrones déshonorées, ne rappelait guère le décorum solennel et majestueux du gouvernement de Rienzi ; enfin Baroncelli est tombé massacré par le peuple. Et maintenant, si vous me demandiez, qui gouverne Rome ? je vous répondrais, c’est l’espérance d’avoir Rienzi.

— Voilà un homme étrange et de fortunes bien diverses. Je ne sais pas comment tout cela finira.

— Par un assassinat d’abord et qui ne sera pas long, puis par une éternelle renommée, répondit Montréal. Rienzi va être rétabli ; ce vaillant phénix va prendre son essor à travers les nuages et les tempêtes, jusqu’au bûcher de son propre trépas… Je prévois… je regrette et j’admire, puis, ajouta Montréal, après cela je regarde au delà.

— Mais qui vous fait croire avec tant d’assurance que Rienzi, s’il est rétabli, doit tomber ?

— Cela n’est-il donc pas visible à tous les yeux, sauf les siens qui sont aveuglés par l’ambition ? Comment un mortel, quelque grand génie qu’il soit, peut-il gouverner, par des moyens populaires, un peuple aussi dépravé ? Les barons (vous connaissez leur férocité indomptable), fauteurs éternels de tous les abus, ennemis déclarés de toutes les lois…, les barons, abaissés un instant,