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RIENZI.

de Rome, et profité de sa présence, pour faire de nombreuses recrues qui sont venues de tous côtés accroître ses forces. En marchant sur Viterbe, Rienzi s’est distingué par ses faits d’armes contre le tyran Jean de Vico. Que dis-je, il s’est conduit en guerrier digne d’appartenir à la Grande Compagnie. Il n’en fallait pas plus pour rallumer l’ardeur des Romains, et la cité a envoyé la moitié de ses habitants à la suite de l’audacieux tribun. Aux supplications de ces dignes citoyens (les mêmes peut-être qui avaient précédemment enfermé leur bien-aimé au château Saint-Ange) le rusé légat n’a répondu que ceci : Prenez les armes contre Jean de Vico, abattez les tyrans du territoire papal, rétablissez l’intégrité du patrimoine de Saint-Pierre, et alors Rienzi sera proclamé sénateur, et retournera à Rome.

« Ces mots ont animé les Romains d’un si grand zèle qu’il ont prêté avec empressement leur secours au légat. Aquapendente, Bolzena, ont ouvert leurs portes, Jean de Vico, moitié par la force, moitié par la crainte, s’est vu forcé de se soumettre, et Gabrielli, le tyran d’Agobbio, a succombé depuis. La gloire en est au cardinal, mais le mérite à Rienzi.

— Et aujourd’hui ?

— Albornoz a continué d’amuser le tribun sénateur avec un grand étalage de magnificence et de belles paroles, mais sans souffler le mot de son rétablissement à Rome. Selon ce que m’ont appris des correspondances secrètes, Rienzi, fatigué d’être ainsi tenu en suspens, a quitté le camp et s’est mis en route, avec quelques compagnons, pour Florence, où il a des amis, qui lui fourniront de l’argent et des armes pour entrer à Rome.

— Ah ! alors, dit Adrien en souriant à demi : je devine pour qui m’ont pris vos officiers. »

Montréal rougit légèrement. « Vous ne vous trompez peut-être pas, dit-il. Pendant ce temps, à Rome, continua le