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RIENZI.


CHAPITRE II.

Adrien est encore une fois l’hôte de Montréal.

Montréal était assis au bout d’une table, entouré d’hommes de l’ordre militaire ou civil, qu’il appelait ses conseillers et avec lesquels il délibérait en apparence sur tous ses projets. Ces hommes, tirés de diverses cités, connaissaient à fond les affaires intérieures des différents états auxquels ils appartenaient. Ils pouvaient dire, à une fraction près, les forces d’un seigneur, la fortune d’un négociant, le pouvoir d’une populace. Ainsi, dans ce camp irrégulier, Montréal jouait le double rôle d’homme d’État et de général. De pareils renseignements étaient inappréciables aux yeux du chef de la Grande Compagnie. Ils le mettaient à même de calculer exactement le temps nécessaire pour attaquer un ennemi et la somme qu’il pourrait demander pour suspendre les hostilités. Il apprenait par là avec qui il devait traiter, user de ruse ou de patience. Aussi arrivait-il ordinairement, grâce à quelque intrigue secrète, que l’apparition de la bannière de Montréal devant les murs d’une cité, était le signal, au dedans de la ville, de quelque sédition ou de quelque trouble. Peut-être aussi se trouvait-il à même par ce moyen, de ménager à sa politique des ressources dans l’avenir aussi bien que dans le présent.

Le conseil était en pleine délibération, lorsqu’un officier entra et glissa quelques mots à l’oreille du capitaine. Les yeux de celui-ci rayonnèrent. « Faites-le entrer ! dit-