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RIENZI.

« Walter de Montréal est le général de la Grande Compagnie, et Florence son ennemi quant à présent.

— Nous sommes tombés, alors, entre de rudes mains, mais que nous n’avons pas lieu de craindre, répliqua le chevalier après un moment de réflexion. Sire Walter de Montréal me connaît depuis longtemps. Permettez-moi de retourner à mes compagnons et de leur apprendre que, si nous sommes accidentellement prisonniers, ce n’est, au moins, qu’à l’homme de guerre le plus habile de son époque que nous sommes obligés de nous rendre. »

Puis l’Italien tourna bride et s’en alla rejoindre ses camarades.

« Voilà un beau chevalier, et de vaillante tournure, dit à son voisin le capitaine des Francs-Compagnons, mais je ne crois guère que ce soit là la bande que nous avons ordre d’intercepter. Pourtant, bénie soit la sainte Vierge ! Ces hommes ont bien l’air de gens du Nord. Cela nous ferait de bonnes recrues. »

Cependant le chevalier vint avec les siens rejoindre l’escadron ; et quand ils eurent donné leur parole de ne point tenter d’évasion, un détachement de trente cavaliers fut expédié pour conduire les prisonniers au camp de la Grande Compagnie.

Au détour de la route, le chevalier se trouva dans un étroit défilé, entre les montagnes, puis, après, dans un sentier obscur et sauvage, à travers l’épaisse forêt. Enfin ils débouchèrent tout d’un coup sur le plateau d’une colline, d’où l’on voyait à découvert une vaste plaine, garnie de tentes d’une armée, considérable pour une guerre d’Italie.

Un torrent, sur lequel des ponts grossiers avaient été jetés à la hâte, en renversant quelques arbres voisins, séparait seul les cavaliers du campement.

« Quel noble spectacle ! » s’écria avec enthousiasme le chevalier captif en retenant sa monture, et en contem-