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RIENZI.

flèches envoyé sur les siens, tomba vainement sur leurs mailles de fer.

« S’ils n’ont pas de chevaux, s’écria le chevalier, nous voilà sauvés. »

Au fait, l’ennemi ne semblait guère songer à les poursuivre ; mais réuni sur la crête d’une colline, il paraissait surveiller leur fuite.

Tout à coup un détour de la route les amena devant une longue et large pièce de terre inculte, dont la surface unie interrompait la descente de la montagne. À l’entrée de cette friche, le soleil rayonnait sur les cuirasses d’une longue ligne de cavaliers silencieux et rangés en ordre de bataille, que les sinuosités de la route avaient cachés jusque là au chevalier et à sa suite.

La petite troupe s’arrêta brusquement ; il n’y avait plus moyen pour elle d’avancer ni de reculer ; après avoir d’abord regardé en avant l’ennemi qui restait immobile comme un nuage, tous les yeux se reportèrent sur le chevalier.

« Si vous le voulez, monseigneur, lui dit l’officier des allemands, remarquant l’indécision de leur chef, nous combattrons jusqu’au dernier. De tous les Italiens que j’aie jamais connus vous êtes le seul pour lequel je mourrais volontiers !

Le reste de la bande accueillit par un murmure sympathique cette déclaration faite avec la rude franchise d’un soldat et ils se serrèrent tous autour du chevalier.

« Non, mes braves compagnons, dit le Colonna en levant sa visière, ce n’est pas sur un champ de bataille si peu glorieux qu’après des fortunes si variées nous sommes destinés à périr. Si ce sont là des brigands, comme nous devons le supposer, nous pouvons encore acheter notre passage. Si ce sont les troupes de quelque seigneur, nous sommes étrangers à la guerre où il est engagé.