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RIENZI.

éveillés, songes plus vains encore que ceux du sommeil ; elle se représentait la longue carrière de gloire, et, sur le retour, la vieillesse révérée et pacifique réservées à son mari.

Et pendant qu’elle veillait ainsi, qu’elle rêvait ainsi, le nuage, qui jusque là n’était pas plus grand que la main, envahissait, sombre et menaçant, l’horizon d’une destinée dont le soleil était à son déclin.


CHAPITRE II.

La Fuite.

Rongeant son cœur superbe comme un coursier ronge son frein, le vieux Colonna regagna son palais, étranger au dessein criminel de son parent et de ses pairs. Toute la scène de la nuit et du matin ne lui laissait qu’un souvenir, celui de l’outrage et de l’humiliation. À peine rentré dans son palais, il ordonna à des courriers, dans lesquels il savait qu’il pouvait avoir confiance, de se préparer à porter ses messages. « Voici pour Avignon, se dit-il en terminant une épître au saint-père ; nous verrons si l’amitié de la grande maison des Colonna l’emportera dans la balance sur l’appui frénétique de cette marionnette de la populace !

« Voici pour Palestrina : c’est un roc inaccessible ! — Voilà pour Jean de Vico : on peut compter sur lui, tout traître qu’il est. — Voilà pour Naples : les Colonna renieront l’ambassadeur du tribun, s’il ne jette pas là son