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RIENZI.

part, jugeant qu’il n’y avait plus d’espoir, s’abandonnèrent à leurs funèbres confesseurs. Mais quand le moine désigné pour Étienne s’approcha de l’irascible vieillard, celui-ci secoua la main avec impatience en disant :

« Ne m’ennuie pas ! Ne m’ennuie pas !

— Ne parlez pas ainsi, mon fils, mais préparez-vous à l’heure redoutable.

Mon fils, vraiment ! s’écria le baron. Je serais assez vieux pour être ton grand-père ; et d’ailleurs, dis à celui qui t’a envoyé que je ne suis point préparé à la mort et que je ne m’y préparerai point ! Je me suis fourré dans la tête de vivre vingt ans encore, et mieux que ça, si je n’attrape pas une fluxion de poitrine au froid de cette maudite nuit. »

Juste à ce moment un cri se fit entendre qui sembla déchirer en deux le Capitole, la multitude hurlant tout d’une voix, en bas : « Mort aux conspirateurs ! Mort ! Mort ! »

Tandis que cette scène se passait dans la salle, le tribun sortait de sa chambre où il s’était enfermé avec sa femme et sa sœur. La généreuse ardeur de l’une, les larmes et la douleur de l’autre (qui voyait tomber d’un coup mortel la maison de son fiancé) n’avaient pas été sans effet sur un caractère sévère et juste à la vérité, mais qui avait une horreur naturelle pour le sang, et sur un cœur capable d’aspirer de plus sublimes vengeances.

Il entra dans le conseil encore en séance, avec un front calme et même des yeux assez gais.

« Pandulfo di Guido, dit-il en se tournant vers ce citoyen, vous avez raison, vous avez parlé comme un sage et un patriote quand vous avez dit que trancher d’un seul coup, bien que ce soit mérité, les plus nobles têtes de

    rapidement sur ce point, est clairement constatée par Muratori, par la chronique de Bologne, etc. — Ils ont même avoué le crime. (Note de l’auteur.)