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CHAPITRE I.

Avignon. — Les deux pages. — La belle étrangère.

Voici en quoi consiste la différence entre les drames de Shakspeare et ceux de presque tous les autres maîtres de l’art : c’est que, dans les premiers, la catastrophe est rarement amenée par une seule cause, par une chaîne d’événements simple et continue. Ce sont des ressorts variés et compliqués qui produisent le dénoûment final. Libre de la contrainte des règles de temps et de lieu, chaque temps ou chaque lieu dépeint se présente à nos yeux avec le changement d’action ou d’acteur qu’il comporte. Quelquefois l’intérêt semble faire une halte, un détour, pour appeler notre attention sur des objets qui nous ont échappé jusque-là, ou sur les qualités des personnages jusqu’alors indiquées, sans être développées. Mais en réalité cette suspension de l’action dramatique n’est destinée qu’à rassembler, concentrer et lier en faisceau toutes les circonstances variées qui conduisent au grand résultat ; l’art de la fiction n’est abandonné que