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RIENZI.

rien, bonne tante, dit le fossoyeur, c’est le jeune seigneur dont je t’ai parlé. Tu dis que tu as eu deux dames dans le palais, qui ont seules survécu à tous les habitants, et leurs noms étaient Bianca de Médici et… quel était l’autre ?

— Irène di Gabrini, une dame romaine. Mais je t’ai dit qu’au quatrième jour elles ont quitté la maison, effrayées d’y voir tant de morts.

— C’est vrai ; et y avait-il quelque chose de remarquable dans l’habillement de la signora Irena di Gabrini ?

— Oui, je te l’ai dit : un manteau bleu, comme j’en ai rarement vu, brodé d’argent.

— La broderie représentait des étoiles, des étoiles d’argent, s’écria Adrien, avec un soleil au milieu ?

— C’est cela.

— Hélas ! hélas ! les armes de la famille du tribun ! Je me rappelle combien j’ai admiré ce manteau la première fois qu’elle l’a porté, le jour de nos fiançailles. »

Et l’amant aussitôt crut deviner le sentiment secret qui avait poussé Irène à garder si soigneusement un vêtement auquel ce souvenir donnait tant de prix.

« Vous ne savez plus rien sur le compte de vos locataires ?

— Rien.

— Et c’est là tout ce que vous avez appris, coquin ? s’écria Adrien.

— Patience. Je vais vous conduire de preuve en preuve et vous démontrer de fil en aiguille que j’ai bien gagné ma récompense. Suivez-moi, seigneur.

Alors le Becchino, traversant bien des places et des rues, arriva à une autre maison dont l’architecture et l’étendue offraient moins de magnificence. Il frappa encore trois coups à la porte du salon, et cette fois sortit un homme desséché, vieux, tremblant, dont la mort semblait dédaigner de faire une victime.

« Signor Astruccio, dit le Becchino, pardonne-moi,