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RIENZI.

ami ! Dis-moi donc, charmante merveille, ton nom et ta demeure, et je réunirai mes serviteurs pour t’escorter à l’instant jusqu’à ta maison. »

Peut-être le secours des larmes, plus même que les paroles d’Adrien, rendit Irène à elle-même, et la mit en état de comprendre sa nouvelle situation ; et comme ses sens, ainsi dégagés, lui firent voir ce dont elle était redevable à celui que ses rêves s’étaient depuis longtemps figuré comme l’idéal de toute excellence, elle reprit ses sens et exprima sa reconnaissance avec une grâce, qui, si elle se ressentait encore de son embarras, n’en était pas moins séduisante.

« Ne me remercie pas, répliqua passionnément Adrien, j’ai touché ta main, je suis payé, bien payé ! Que dis-je, c’est à moi à te rendre tous mes hommages, c’est moi qui te dois toute ma reconnaissance. »

Rougissant de nouveau, mais sous de tout autres émotions qu’auparavant, Irène, après une pause momentanée, repartit : « Cependant, monseigneur, plus vous parlez légèrement de ma dette, plus je dois en sentir le poids. Maintenant, complétez le service que vous m’avez rendu ; je ne vois pas ma compagne, permettez-lui de m’accompagner au logis ; ce n’est qu’à deux pas d’ici.

— C’est un air béni, alors, que celui que j’ai ainsi respiré sans le savoir, dit Adrien. Mais ta compagne, chère dame, n’est pas ici. Elle s’est enfuie, je suppose, dans la mêlée du conflit ; et moi, ignorant ton nom, ne pouvant, dans l’état où tu étais, l’apprendre de tes lèvres, j’ai été réduit à l’heureuse nécessité de te transporter ici ; mais je t’accompagnerai. Pourquoi ce regard d’effroi ? mes gens aussi nous suivront.

— Mes remerciements, noble seigneur, sont de peu de valeur ; mon frère qui ne t’est point inconnu te remerciera plus dignement. Partons-nous ? » Et Irène, à ces mots, était déjà à la porte.