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RIENZI.

dez ? dit-il lorsque Benedetta eut terminé, et, se tournant vers l’évêque dont ce récit avait retardé le départ : Vous entendez à quels outrages les citoyens romains sont assujettis. Mon chapeau, mon épée sur-le-champ ! Monseigneur, pardon de mon brusque départ.

— Où donc cours-tu de ce pas ? demanda Raimond.

— Où donc ? où donc ! Ah ! j’oubliais, monseigneur, vous n’avez pas de sœur. Peut-être aussi vous n’avez pas de frère ? Non, non. Eh bien ! je vivrai au moins pour sauver une victime. Où donc, me demandez-vous ? au palais de Martino di Porto.

— Contre un Orsini, vous seul, et pour obtenir justice ?

— Moi seul, et pour obtenir justice !

— Non ! s’écria Rienzi à haute voix, en saisissant son épée que venait de lui apporter un de ses serviteurs, et s’élançant au dehors : mais un seul homme suffit pour obtenir vengeance ! »

L’évêque s’arrêta pour réfléchir un moment. « Il ne faut pas le laisser courir à sa perte, murmura-t-il, car il y court, s’il s’expose ainsi à la rage du loup. Allons, hé ! cria-t-il à voix haute, avancez les torches ! vite ! vite ! Nous-mêmes, nous, le vicaire du pape, nous allons y voir. Calmez-vous, bonne femme ; votre jeune signora vous sera rendue. En avant ! au palais de Martino di Porto !