Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 1, 1865.djvu/72

Cette page a été validée par deux contributeurs.
68
RIENZI.

pour ainsi dire commencée à partir de cette heure même ; je la date de cette conférence. Jusqu’ici, sachant que la justice ne devait jamais fermer l’œil sur les grands criminels, j’avais hésité, dans la crainte que toi et Sa Sainteté vous ne vinssiez à me trouver trop sévère, et à blâmer celui qui fait respecter la loi en poursuivant les violateurs de la loi. Maintenant je vous connais mieux ; votre main, monseigneur. »

L’évêque lui tendit la main ; Rienzi la saisit avec fermeté, puis la porta respectueusement à ses lèvres. Tous deux sentirent que le pacte était scellé.

Cet entretien, si long à raconter, dura en réalité peu de temps, et le but commun étant atteint, l’évêque se leva pour partir. Le portail extérieur de la maison s’ouvrit, les nombreux serviteurs de l’évêque élevèrent leurs torches, et il venait de quitter Rienzi qui l’avait accompagné jusqu’à la grande porte, quand une femme traversa précipitamment la suite du prélat, et, tressaillant à la vue de Rienzi, se jeta à ses pieds.

« Oh ! hâtez-vous, seigneur ! hâtez-vous, pour l’amour de Dieu, hâtez-vous ! ou la jeune signora est à jamais perdue !

— La signora ! Ciel et terre, Benedetta, de qui parlez-vous ? de ma sœur ? d’Irène ? Est-ce qu’elle n’est point au logis ?

— Oh ! seigneur, les Orsini… les Orsini…

— Qu’ont-ils fait ?… Parlez… femme ! »

Ici, hors d’haleine, et s’interrompant maintes fois, Benedetta raconta à Rienzi, en qui le lecteur a déjà reconnu le frère d’Irène, ce qu’elle avait vu de l’aventure avec Martino di Porto ; quant au dénoûment, au résultat de la lutte, elle n’en savait rien.

Rienzi écouta en silence, mais la pâleur mortelle de son visage et le pli de sa lèvre en disaient assez.

« Vous entendez, monseigneur l’évêque, vous enten-