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RIENZI.

pacité de ces brigands. De là deux conséquences : d’une part les riches, lesquels, Dieu le sait, et l’Évangile l’a expressément déclaré, ont le plus besoin d’une rémission de péchés, seront privés de cette glorieuse occasion de recevoir l’absolution, et d’autre part l’impiété va frustrer les coffres de l’Église des trésors qu’autrement elle obtiendrait, sans aucun doute, du zèle de ses enfants.

— Rien de plus fondé ni de plus manifeste, monseigneur, » répliqua Rienzi.

Le vicaire continua :

« Or, dans des lettres que j’ai reçues, il y a cinq jours, de Sa Sainteté, il m’a ordonné d’exposer les suites funestes qu’en éprouverait la chrétienté aux divers patriciens qui tiennent leurs fiefs légitimes de l’Église, et de leur commander une ligue déterminée contre les maraudeurs de grands chemins. J’ai donc tenu conférence avec eux, et je n’ai rien obtenu.

— Parce que c’est grâce à l’assistance de ces mêmes brigands, c’est avec leurs troupes mêmes que ces patriciens ont fortifié leurs palais les uns contre les autres, ajouta Rienzi.

— C’est précisément là la raison, repartit l’évêque. Bien plus, Étienne Colonna lui-même a eu l’audace de me l’avouer. Entièrement insensibles à la perte de tant d’âmes précieuses, et je pourrais ajouter du trésor papal, qui ne devrait guère être moins cher à tout homme de jugement, ils refusent de faire un pas contre les bandits. Or, écoute le second message de Sa Sainteté : « Si les nobles font défaut, dit-il en sa prophétique sagacité, confère avec Cola de Rienzi. C’est un homme hardi et pieux, et, d’après ce que tu m’écris, très-influent sur le peuple, dis-lui donc que si son esprit peut découvrir un moyen d’extirper ces fils de Bélial, et de rendre le passage franc et sûr dans toute l’étendue des grandes routes, il peut compter de notre part sur une reconnaissance méritée,