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RIENZI.

jeune, les avantages personnels les plus particuliers à la jeunesse, la carnation fraîche et fleurie, la joue arrondie, dans laquelle le souci n’a pas encore creusé ses sillons, les yeux pleins et apparents et la frêle délicatesse de la charpente musculaire, rien de tout cela n’était au nombre des traits caractéristiques de cet étudiant solitaire. S’il fut considéré par ses contemporains comme d’une beauté éminente, ce jugement se fonda probablement moins sur les mérites plus vulgaires qui valent cette réputation, que sur la hauteur de sa taille, avantage plus estimé alors qu’aujourd’hui, et sur ce genre de beauté plus noble, qu’un génie cultivé et un caractère dominateur impriment d’ordinaire même à des traits communs, beauté plus rare encore dans un siècle si peu civilisé.

Le caractère de Rienzi, car c’est le jeune homme présenté au lecteur dans le premier chapitre de cette histoire que nous ramenons ici sous ses yeux dans un âge plus avancé, avait acquis plus de vigueur et d’énergie à chaque progrès nouveau qui l’élevait au pouvoir. Une circonstance qui se rattachait à sa naissance avait probablement exercé de bonne heure une grande influence sur son ambition. Quoique ses parents fussent d’humble condition et de petit métier, son père était fils naturel de l’empereur Henri VII[1], et ce fut probablement l’orgueil paternel qui fit donner à Rienzi les avantages d’une éducation peu commune. Cet orgueil qui lui fut transmis, sa royale descendance

  1. De Sades suppose que la mère de Rienzi avait pour père le fils naturel de Henri VII ; il emprunte cette opinion à un manuscrit du Vatican. Mais selon son biographe contemporain, Rienzi, en s’adressant à Charles, roi de Bohême, attribue à son père ce droit de parenté. Di vostro legnaggio sono, figlio di bastardo d’Enrico imperatore. Un écrivain plus moderne, le P. Gabrini, cite à l’appui une inscription : « Nicolaus Tribunus… Laurentii teutonici filius, etc. »