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RIENZI.

un brave sur qui l’on peut compter si l’on paye dignement ses services.

— Seigneur, dit Adrien à son ennemi, qui, terrifié, abasourdi, restait là, fixant un œil égaré sur les deux nouveaux venus, vous voilà maintenant en mon pouvoir ; tenez, voici de plus nos gens qui arrivent. »

En effet, du palais d’Étienne des torches commençaient à s’allumer, et l’on voyait des hommes armés s’avancer rapidement sur les lieux.

« Rentre chez toi paisiblement, et, si, demain ou tout autre jour qui te conviendra mieux, tu veux me faire face tout seul et lance contre lance, comme c’est l’usage des chevaliers de l’empire, ou bien bannière contre bannière et homme contre homme, comme les Romains en ont plutôt l’habitude, je ne te ferai pas défaut, voilà mon gage.

— Noblement parlé, dit Montréal, et si vous choisissez la seconde manière, avec votre permission, je serai de la partie. »

Martino ne répondit point ; il ramassa le gant, le fourra dans son justaucorps, et s’éloigna au plus vite ; seulement, après quelques pas faits en descendant la rue, il se retourna vers Adrien, et, lui secouant le poing fermé, il lui cria d’une voix tremblante, dans son impuissante rage : « Fidèle à mort ! »

Ces mots formaient une des devises des Orsini, et quel qu’en eût été le premier sens, ils étaient passés depuis longtemps en proverbe, pour exprimer leur haine contre les Colonna.

Adrien, occupé alors à relever Irène et à essayer de lui faire reprendre ses sens, car elle était toujours sans connaissance, laissa dédaigneusement Montréal faire la réplique.

« Je n’en doute pas, seigneur, dit ce dernier froidement, tu seras fidèle à mort ; car la mort, Dieu le sait,