Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 1, 1865.djvu/55

Cette page a été validée par deux contributeurs.
51
RIENZI.

je vais t’accompagner, gratis pour une fois, et rien que par amour du métier. Par cette main, il n’y a pas de musique qui vaille le cliquetis de l’acier. »

Adrien se défendait toujours vaillamment et sans blessures, mais son bras maintenant se lassait peu à peu, son haleine était à bout et ses yeux commençaient à clignoter et à vaciller, éblouis par ces torches qu’on agitait devant lui. Orsini, lui-même, épuisé par sa fureur, avait fait une courte pause à ses attaques contre son ennemi, la poitrine haletante et l’œil en feu, quand tout à coup ses satellites s’écrièrent : « Fuyez ! fuyez ! les bandits approchent, nous voilà cernés ! » Et deux des survivants, sans plus de cérémonie, eurent recours, bel et bien, à leurs talons. Les cinq autres restèrent indécis, n’attendant que l’ordre de leur maître, quand l’homme à la plume blanche que je viens de décrire, se jeta dans la mêlée.

« Comment, mes beaux sires, dit-il, auriez-vous déjà fini ? Non ? alors je ne viens pas gâter la partie, continuez, je vous prie. Où en êtes-vous ? Ho ! six contre un ! Alors, rien d’étonnant que vous ayez attendu un jeu plus honnête, tenez, nous voilà deux du côté du plus faible. Eh bien ! maintenant, recommençons !

— Insolent ! s’écria Orsini, sais-tu bien à qui tu t’adresses avec cette arrogance ? Je suis Martino di Porto. Qui es-tu ?

— Walter de Montréal, gentilhomme de Provence et chevalier de Saint-Jean, » répliqua l’autre négligemment.

À ce nom redouté, ce nom d’un des guerriers les plus hardis et du plus parfait maraudeur de son époque, les joues de Martino lui-même pâlirent et ses compagnons poussèrent un cri de terreur.

« Et le camarade que voici, poursuivit le chevalier, car nous ferons aussi bien d’achever la présentation, il vous est probablement mieux connu que moi, beaux sires de Rome ; sans doute vous reconnaissez là Rodolphe de Saxe,