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RIENZI.

Pietro, vous êtes les plus courtois de la bande, enveloppez-la-moi de son voile, bâillonnez cette musique. — Très-bien. Portez-la devant moi au palais, et demain, ma charmante, tu t’en retourneras avec une corbeille de florins, que tu pourras faire passer comme venant du marché. »

Mais les cris déchirants d’Irène, d’Irène qui se débattait, lui avaient déjà amené du secours, et à l’approche d’Adrien, la nourrice s’élança pour tomber à ses genoux.

« Ô mon doux seigneur, pour la grâce du Christ sauvez-nous ! délivrez ma jeune maîtresse, ses parents vous aiment bien ! nous sommes tous pour les Colonna, monseigneur ; oui, je vous l’assure, tous pour les Colonna ! Sauvez la parente de vos clients, gracieux seigneur !

— Il suffit que ce soit une femme, répondit Adrien, et il ajoutait entre ses dents, et que son agresseur soit un Orsini : et il poussa fièrement au plus serré du groupe. Les serviteurs portèrent la main à leurs épées, mais lui laissèrent le passage libre en le reconnaissant. Arrivé aux deux hommes qui déjà avaient saisi Irène, un moment lui suffit pour abattre le plus proche des deux, un autre pour passer le bras gauche autour de la taille légère, élancée de la jeune fille, et faire face aux Orsini avec son épée nue, dont il tenait cependant la pointe baissée à terre.

— Quelle honte, monseigneur, quelle honte ! s’écria-t-il indigné. Allez-vous forcer Rome à se soulever, à la voix d’un homme, contre tout notre ordre ? Ne tourmentez pas trop le lion, tout enchaîné qu’il est. Faites-nous la guerre à nous, si vous voulez ! Tirez vos lames contre des hommes, quoiqu’ils soient de votre propre race et parlent votre propre langue ; mais si vous voulez dormir la nuit sans craindre un bras vengeur, si vous