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RIENZI.

générale qu’il n’en acquérait auprès de leurs maris, et faisaient un charmant contraste avec les compliments cérémonieux et embarrassés du bon évêque, qui lui servait en pareille occasion de plastron excellent pour faire briller son jeu.

Mais aussitôt que ces cérémonies furent terminées, et Rienzi monté à cheval, son affabilité se transforma tout d’un coup en une sévérité rigide et de mauvais augure.

« Vicaire, dit-il brusquement à l’évêque, nous pourrions bien avoir grand besoin de votre présence. Apprenez qu’à cette heure, au capitole, le conseil tient séance pour juger un assassin. La nuit passée, sans la grâce du ciel, je serais tombé victime du poignard d’un misérable payé pour faire ce coup. Aviez-vous entendu parler de cela ? »

Et il fixa sur l’évêque un regard si perçant que le pauvre canoniste, surpris et terrifié, se laissa presque tomber de cheval.

« Moi ! » dit-il.

Rienzi de sourire. « Non, monseigneur l’évêque ! je sais bien que vous n’êtes pas de ceux dont on fait les assassins, mais pour en revenir à mon récit, ne voulant pas avoir l’air d’agir dans ma propre cause, j’ai ordonné de juger le prisonnier en mon absence. Dans son jugement… (Vous avez remarqué la lettre qui m’a été apportée à notre banquet ?)

— Oui, et même vous avez pâli.

— Il y avait de quoi : dans son jugement, dis-je, il a confessé qu’il avait pour instigateurs neuf des premiers seigneurs de Rome. — Ils soupent avec moi ce soir ! — Vicaire, en avant ! »

FIN DU PREMIER VOLUME.