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RIENZI.

sourcil terrible et prophétique, une exécution nous attend ! Venez.

— Vraiment, tribun, bégaya le bon évêque ; c’est un singulier moment pour une exécution !

— La nuit dernière a été un temps plus étrange encore. Venez. » Il y avait quelque chose dans le ton dont le mot final fut prononcé, qui fit que Raymond ne put résister. Il se signa, murmura, releva sa robe et suivit le tribun. À son passage à travers les salles, les assistants se levèrent de tous côtés. Rienzi leur rendit leurs saluts avec des sourires et des demi-mots de franche courtoisie ou de politesse séduisante. Jeune comme il l’était encore, d’une belle et noble prestance, relevée par un splendide costume et mieux encore par un air de grandeur intellectuelle qui régnait sur son front et dans ses yeux, tandis qu’elle manquait nécessairement aux seigneurs demi-barbares de cet âge de ténèbres, Rienzi brillait au milieu de sa cour comme un homme digne de la former et fait pour la présider ; sa descendance supposée de l’empereur Teuton, universellement répandue et accréditée au dehors depuis son élévation, paraissait irrécusable aux yeux des seigneurs étrangers, grâce à son air majestueux et à l’aisance et l’affabilité de son langage.

« Seigneur préfet, dit-il à un sombre et maussade personnage habillé de velours noir, le puissant et superbe Jean de Vico, préfet de la ville, nous nous réjouissons de trouver à Rome un si noble convive, mais nous ne manquerons pas de vous rendre votre politesse en vous surprenant sous peu dans votre propre palais. — Vous aussi, seigneur (en se tournant vers le député de Tivoli), vous ne nous refuserez point un abri au milieu de vos bosquets, de vos cascades, avant qu’on ait fait les vendanges. Il me semble que Rome, en s’unissant aux doux ombrages de Tivoli, se réconcilie avec les muses. — Votre réclamation a été examinée, maître Venoni ; le conseil en reconnaît la justice,