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RIENZI.

des tyrans de Vérone et de Bologne ; même le fier et subtil Malatesta, seigneur de Rimini, dont le bras, dans la suite, tint un instant en échec le pouvoir de Montréal, à la tête de sa grande compagnie, avait envoyé là, pour le représenter, le plus distingué de ses gentilshommes. Jean de Vico, le plus méchant et le plus dangereux tyran de son époque, qui avait longtemps défié les armes du tribun, maintenant soumis et humilié, était là en personne ; et les ambassadeurs de Hongrie et de Naples se mêlaient à ceux de Bavière et de Bohême, dont les souverains, ce jour-là même, avaient été cités à comparaître devant la cour suprême de Rome. Les panaches ondoyants, l’éclat des bijoux et des habits de drap d’or, le frémissement des soieries et le cliquetis des éperons d’or, les bannières déployées aux plafonds, le bruit des instruments dans les galeries supérieures, tout présentait le tableau d’une puissance et d’une pompe si grandes, d’une cour et d’une chevalerie si imposantes, que les premiers rois de la féodalité auraient vu un pareil spectacle d’un œil étincelant et d’un cœur enivré.

Mais à ce moment, l’auteur et le héros de tout cet étalage de faste et de splendeur, revenu de son enthousiasme, était triste et rêveur, se rappelant avec un front pensif l’aventure de la nuit dernière, et sentant que parmi ses plus brillants convives étaient ses assassins, qui le suivaient des yeux. Au milieu des accords des ménestrels et de la pompe de cette foule, il sentait que la trahison grondait à ses côtés ; et l’image du squelette présidant autrefois au festin, comme un symbole funèbre, troublait dans le verre l’éclat vermeil du vin et glaçait la joie du banquet.

Ce fut au plus beau de la fête qu’on vit le page de Rienzi se glisser à travers les tables pour murmurer son message à plusieurs des nobles qui étaient là ; chacun