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RIENZI.

entrés par la grande porte du Latran, alors le palais de l’univers.

Ainsi finit cette cérémonie remarquable, ce fier défi lancé aux États du Nord en faveur des libertés italiennes ; s’il eût été favorisé par le succès, il aurait passé pour un sublime trait d’audace ; il n’a pas réussi, le vulgaire en a fait une insolente folie ; mais ce défi, en examinant de sang-froid toutes les circonstances qui dominaient le tribun et toute la puissance qui l’entourait, n’était peut-être pas tout à fait aussi imprudent qu’il en avait l’air. Et même, en le qualifiant d’imprudence, des juges plus clairvoyants, et d’un caractère plus élevé, la considéreront sans doute comme la folie magnifique d’un naturel hardi, surexcité à la fois par sa position et sa prospérité, par des croyances religieuses, par des aspirations patriotiques, par des visions scolastiques trop soudainement entraînées de la rêverie à l’action, mais bien supérieure dans son élan à cette prétendue sagesse d’un politique terre à terre, qui a soin d’aiguiser le glaive avant de jeter le gant.


CHAPITRE VII.

La Fête.

La fête de ce jour fut de beaucoup la plus somptueuse qu’on eût vue jusqu’alors. L’avertissement de Cecco del Vecchio, qui dépeignait si bien le caractère de ses concitoyens, tel qu’il existe encore, quoique moins prononcé,