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RIENZI.


CHAPITRE VI.

La célèbre citation.

La cloche de la grande église de Saint-Jean de Latran faisait entendre ses tintements aigus et sonores, lorsqu’une puissante multitude, plus nombreuse même que celle de la veille au soir, se mit en mouvement. Les officiers préposés obtinrent avec difficulté le passage pour les barons et les ambassadeurs, et à peine ces nobles visiteurs étaient-ils admis, que la foule pressée et compacte se précipitait tête baissée dans l’église et prenait le chemin de la chapelle de Boniface VIII. Là, remplissant tous les recoins, et barricadant l’entrée, les plus heureux de cette cohue voyaient le tribun entouré de la cour splendide, réunie par son génie et subjuguée par sa fortune. Enfin, quand une sainte et solennelle musique commença à enfler ses accords dans l’édifice, pour préluder à la célébration de la messe, le tribun s’avança, et les chants s’interrompant firent place à un silence respectueux qui s’étendit sur tout l’auditoire. Par sa taille, sa mine, sa contenance, Rienzi était de ceux qui commandent toujours l’attention des masses ; et en ce moment ses dehors majestueux se rehaussaient encore de l’importance et de l’intérêt que leur donnait la circonstance, et de cette expression particulière de ferveur profonde, mais contenue, l’unique don peut-être que l’art et l’étude ne puissent donner sans l’aide de la nature, pour faire un homme éloquent.