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RIENZI.

— Ah ! mon modeste ami ! Voyons l’alternative.

— Je me brise la cervelle contre ce mur de pierre ! Mieux vaut mourir ainsi que sur la roue !

— Insensé, je n’ai pas besoin de vengeance contre des gens de ton espèce. Sois sincère, et je te jure que, douze heures après ta confession, tu seras sain et sauf hors des murs de Rome. Ainsi m’aident notre Seigneur et ses saints !

— Je suis content ! Donner und Hagel ! J’ai assez vécu pour ne me soucier que de ma vie d’abord et de celle du grand capitaine ensuite ; pour le reste, je ne m’inquiète pas si vous autres méridionaux vous vous coupez la gorge et faites de toute l’Italie un tombeau.

Après cette gracieuse déclaration, Rodolphe entra dans le cabinet, mais il s’avança encore vers Rienzi avant que celui-ci eût fermé la porte.

« Un instant, dit-il, mon sang coule trop fort. Aidez-moi à me bander le bras, ou je vais saigner à mort avant ma confession.

Per fede ! dit le tribun, dont le caractère original goûtait la froide audace de cet homme. En songeant au service que tu voulais me rendre, tu es bien le plus plaisant, le plus impudent, le plus imperturbable et brave luron que j’aie vu depuis longues années. Donne-moi ton ceinturon. Je ne m’attendais guère à passer ma première veille de chevalier à de telles œuvres de charité.

— Il me semble que ces robes-là feraient un meilleur bandage, dit Rodolphe, montrant l’habillement du prêtre attaché au mur.

— Silence, coquin ! dit le tribun. Pas de sacrilége ! Pourtant, puisque tu es si difficile, je vais te donner ma propre écharpe pour te bander le bras. »

Là-dessus le tribun, plaçant son poignard à terre, et le gardant du pied avec précaution, pansa la blessure de Rodolphe qui le remercia en quelques mots de cette con-