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RIENZI.

tante, réclama des Romains une pareille marque de distinction. Du Capitole au Latran s’étendit un long défilé de tout ce que Rome se vantait d’avoir de plus noble, de plus beau et de plus brave. Au premier rang marchaient d’innombrables cavaliers venus de toutes les parties voisines de l’Italie, dans un appareil pompeux. Des trompettes et des musiciens de toute espèce les suivaient, avec leurs clairons d’argent ; des jeunes gens, portant les harnais dorés du cheval de bataille du futur chevalier, précédaient les plus grandes dames de Rome, auxquelles l’amour de la représentation et peut-être l’admiration attachée à la gloire triomphante (qui aux yeux des femmes sanctionne bien des injures) faisaient oublier l’humiliation de la grandeur de leurs époux ; au milieu d’elles, Nina et Irène éclipsaient tout le reste ; puis venaient le tribun et le vicaire du pontife, qu’entouraient tous les grands seigneurs de la cité, étouffant à la fois leurs ressentiments et leur dédain, pour s’approcher à l’envi du monarque du jour. Le vieux Colonna, toujours fier, restait seul à l’écart, suivant à peu de distance et dans un costume d’une simplicité affectée. Mais son âge, son rang, la renommée qu’il avait acquise comme homme de guerre et comme homme d’État, ne suffisaient plus pour attirer à sa chevelure grise et à sa noble figure une seule des acclamations qui suivaient le moindre seigneur honoré d’un sourire du grand tribun. Savelli suivait de près Rienzi, et se montrait le plus obséquieux de cette bande de courtisans ; deux hommes précédaient immédiatement le tribun : l’un portait une épée nue, l’autre le pennon ou étendard réservé ordinairement à la royauté. Le tribun était revêtu d’une longue robe de satin blanc (l’historien s’étend particulièrement sur la blancheur de neige, miri candoris, de cette robe) richement brodée d’or ; sur sa poitrine étaient placés bon nombre de ces symboles mystiques dont j’ai précédemment parlé, et dont peut-être celui qui