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RIENZI.

quelques veuves chez mes clients. Il est un peu déguisé aujourd’hui ; cependant je l’ai reconnu et accosté, car j’ai pensé que c’était un homme qui pouvait encore devenir notre ami, et je lui ai dit de m’attendre à mon palais.

— Vous avez bien fait, dit Savelli, d’un air pensif, et ses yeux rencontrèrent ceux d’Orsini. Un instant après, cette réunion, où l’on parla beaucoup sans rien décider, se sépara ; mais Luca de Savelli, s’arrêtant au portail, pria le Frangipani et les autres barons de s’ajourner au palais des Orsini.

— Le vieux Colonna, dit-il, est bien près de radoter. Nous en viendrons sans lui à une prompte résolution, et nous pouvons nous assurer de lui par son fils. »

Et il ne se trompait pas, car une délibération d’une demi-heure avec Rodolphe de Saxe suffit pour arrêter l’exécution de ses projets.


CHAPITRE V.

La nuit et ses incidents.

Avec le crépuscule de la nuit suivante, Rome était invitée à venir jouir du plus magnifique spectacle dont la cité impériale eût été témoin depuis la chute des Césars. Le peuple de Rome s’était arrogé un singulier privilége en conférant à ses citoyens le grade de chevalier. Vingt ans auparavant, un Colonna et un Orsini avaient reçu cet honneur populaire. Rienzi, qui le destinait à servir de prélude à une cérémonie plus impor-