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RIENZI.

de votre parent, votre âge vénérable, votre intimité avec le pontife vous imposent une plus grande réserve qu’à nous. Laissez-nous diriger l’entreprise, et soyez assuré de notre discrétion. »

Un jeune garçon, Stefanello, qui dans la suite succéda au représentant de la ligne directe des Colonna, et que le lecteur retrouvera avant la fin de notre narration, jouait aux genoux de son grand-père. Il jeta un regard perçant à Savelli, en disant : « Mon grand-père est trop sage et vous trop timide. Frangipani est trop accommodant et Orsini ressemble trop à un taureau furieux. Je voudrais avoir un an ou deux de plus.

— Et que feriez-vous, mon joli censeur ? dit le gracieux Savelli en se mordant sa lèvre souriante.

— Je poignarderais le tribun de mon propre stylet, et ensuite vive Palestrina !

— Voilà un œuf dont doit éclore un fameux serpent ! dit le Savelli. Mais pourquoi en voulez-vous tant au tribun, mon basilic ?

— Parce qu’il a permis à un insolent mercier d’arrêter pour dettes mon oncle Agapet. La dette remontait à dix ans ; et bien qu’on dise que jamais maison de Rome n’a plus d’argent que les Colonna, c’est la première fois que j’ai entendu parler d’une racaille de créancier autorisée à réclamer son dû autrement qu’en ôtant son bonnet et pliant les genoux. Je déclare que je ne voudrais pas être baron, à la condition de souffrir d’un parvenu une pareille insolence.

— Mon enfant, dit le vieil Étienne en riant de bon cœur, je vois que notre ordre de noblesse sera bien en sûreté entre vos mains.

— Et, continua l’enfant, enhardi par les applaudissements qu’il recevait, si j’en avais le temps, après avoir piqué le tribun, je vous porterais joliment bien un second coup à…