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RIENZI.

relevées et ennoblies (si la parade peut être ennoblie de la sorte) par une richesse d’imagination délicate et magnifique, toujours associées avec des emblèmes populaires, et destinées à répandre l’idée de se réjouir en l’honneur du rétablissement de la liberté et à étaler la grandeur de Rome ressuscitée ; sans doute ces spectacles, quoique jugés autrement dans un âge plus éclairé, et par des sages de cabinet, servaient beaucoup à augmenter l’importance du tribun au dehors et à éblouir la fierté d’une populace frivole et fastueuse. Le goût devenait plus délicat, le luxe mettait le travail à contribution, et des étrangers de tous les États étaient attirés par la splendeur d’une cour où présidaient, sous des noms républicains, deux souverains, jeunes[1] et brillants, l’un renommé pour son génie, l’autre distinguée pour sa beauté. Ce fut en vérité un rêve royal, éblouissant, dans cette longue nuit de Rome dépouillée de son pape et de sa cour voluptueuse, que ce règne de fêtes de Cola Rienzi ! Et souvent dans la suite il a été rappelé avec un soupir non-seulement par le pauvre, à cause de sa justice, par le marchand à cause de sa sécurité, mais par l’homme à la mode pour son éclat et par le poëte pour sa grâce idéale et intellectuelle.

Comme pour montrer qu’il n’avait pas pour but de satis-

  1. Rienzi, dans une de ses lettres, attribue sa grande entreprise à l’ardeur de sa jeunesse. La date précise de sa naissance est inconnue ; mais certainement c’était un jeune homme à l’époque dont nous parlons. Son portrait au musée Barberino, d’après lequel nous l’avons dépeint dans le premier livre de cet ouvrage, le représente sans barbe, et, autant qu’on peut le juger, approchant de la trentaine, âge certainement assez avancé pour en avoir une ; et sept ans après il portait une longue barbe, qui déplaisait grandement au naïf auteur de sa biographie, car il semble y voir une espèce de crime. Sa tête est très-remarquable par sa sévère beauté et elle est de bien peu inférieure, si elle l’est, à celle de Napoléon, avec laquelle, je l’ai précédemment remarqué, elle a quelque ressemblance sinon par les traits, du moins par l’expression.