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RIENZI.

— Bien au contraire, toutes les fois que ces Normands viennent ici se faire couronner, nous tâchons de les expulser à coups de pierre en les chargeant de malédictions. Car nous sommes un peuple, voyez-vous, qui aime la liberté.

— Retourne à tes amis, vois-les, dis-leur que votre tribun demandera à ces prétendants au trône de Rome quels sont leurs droits. Qu’ils n’aillent pas s’embarrasser ou s’effrayer, qu’ils me soutiennent seulement quand l’occasion viendra.

— Je suis charmé, dit le gigantesque forgeron, car nos amis sont devenus dernièrement un peu difficiles ; ils disent…

— Que disent-ils ?

— Qu’à la vérité vous avez chassé les bandits, que vous faites plier les barons, que vous rendez joliment bien la justice…

— N’est-ce point assez de miracles pour l’espace de deux ou trois petits mois ?

— Dame ! ils disent que c’eût été plus qu’assez de la part d’un noble, mais que vous, sorti du peuple, avec vos belles qualités et ainsi de suite, vous pourriez encore en faire davantage. Voilà trois semaines qu’ils n’ont rien eu de nouveau à se raconter dans leurs bavardages ; mais l’exécution d’Orsini aujourd’hui va les distraire un tantinet.

— Bien, Cecco, bien, dit le tribun, se levant. Leurs langues auront bientôt plus d’aliment. Ainsi tu penses qu’ils ne m’aiment pas tout à fait autant qu’il y a trois semaines ?

— Je ne dis pas cela, répondit Cecco, mais nous autres Romains, nous sommes un peuple impatient.

— Hélas oui !

— Cependant je ne doute pas qu’ils vous restent fidèles, pourvu, tribun, que vous ne les chargiez pas de nouvelles taxes.

— Ah ! mais si pour être libre il est nécessaire de