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RIENZI.

sont de voir le courage avec lequel vous punissez les grands comme vous puniriez les petits.

— Bon, je suis récompensé. Mais, écoutez, Cecco, cela va nous tailler peut-être une chaude besogne. Chaque baron redoutera que son tour ne vienne prochainement, et l’anxiété les rendra entreprenants comme des rats au désespoir. Il est possible que nous ayons à combattre pour le Bon État.

— De tout mon cœur, tribun, répliqua brusquement Cecco : ce n’est pas moi, pour ma part, qui reculerai.

— Alors entretiens le même esprit dans toutes vos réunions d’artisans. Je combats pour le peuple. Le peuple, au besoin, doit combattre avec moi.

— Ils le feront, répliqua Cecco, ils le feront !

— Cecco, cette cité est sous la domination spirituelle du saint pontife ; qu’il en soit ainsi, c’est un honneur, et non une charge. Mais la domination temporelle, mon ami, ne doit appartenir qu’à des Romains. N’est-ce point une honte pour Rome républicaine, que, au moment même où nous parlons, certains barbares, dont nous n’avons jamais entendu parler, portent jugement pour nous, au delà des Alpes, sur les mérites respectifs de deux souverains que nous n’avons jamais vus ? Une cité italienne, qu’a-t-elle affaire avec un empereur de Bohême ?

— Assez peu de chose, saint Paul le sait, dit Cecco.

— Ne serait-ce pas une prétention à contester ?

— C’est ce que je crois, répliqua le forgeron.

— Et si l’on y trouvait un outrage à nos anciennes lois, ne serait-ce point une prétention à combattre ?

— Il n’y a pas de doute.

— Eh bien, en avant ! Les archives sont pour nous, jamais empereur n’a été légalement couronné que sur les libres votes du peuple, et nous, jamais nous n’avons choisi Bohémien ni Bavarois.