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RIENZI.

« Laissez-nous seuls, dit-il ; et Nina fit signe à ses femmes de se retirer.

— Prenez mon nouveau page avec vous, dit-elle ; peut-être est-il encore trop fraîchement sorti de la maison maternelle pour goûter la compagnie des jeunes étourdis, ses camarades. »

Quand ils furent seuls, Nina continua de raconter à Rienzi l’aventure du matin ; mais bien qu’il eût l’air d’écouter, son regard plongeait dans le vide, et il était évidemment rêveur, distrait, absorbé. Enfin, lorsqu’elle eut terminé, il lui dit : « Bien, Nina, vous avez agi comme toujours, avec bonté et noblesse. Passons à d’autres sujets. Je suis en danger.

— En danger, répéta Nina en pâlissant.

— Eh bien ! ce mot ne doit pas vous épouvanter. Vous avez comme moi une âme qui dédaigne la crainte ; et c’est pour cela, Nina, que vous êtes dans Rome entière mon unique confident. Ç’a été non-seulement pour me charmer par ta beauté, mais pour m’encourager par tes conseils, pour me soutenir par ta valeur, que Dieu t’a donnée à moi pour aide et pour compagne.

— Ah ! que notre sainte Vierge te bénisse pour ces paroles ! dit Nina baisant la main suspendue sur son épaule ; si le mot danger m’a fait tressaillir, ce n’était que la pensée rapide d’une femme qui t’aime, pensée indigne, je le reconnais, mon bien-aimé Cola, car gloire et danger vont ensemble, et je suis prête à partager avec toi l’un et l’autre. Si jamais l’heure d’épreuve arrive, aucun de tes amis ne sera aussi fidèle à tes côtés que cette compagne débile, mais au cœur intrépide.

— Je le sais, ma chère Nina ; je le sais, dit Rienzi, se levant et parcourant rapidement la chambre à grands pas. Maintenant, écoute. Tu sais que pour gouverner sûrement, ma politique comme mon orgueil est de gouverner justement. Gouverner justement est une terrible